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«Rouge comme la mer», l’Islande en son cœur glaçant

Avec ce nouveau polar, l’islandaise Lilja Sigurdardottir entremêle histoires de famille, affaires d’argent et jalousies amoureuses dans des lieux exotiques et magnifiques.
La vallée islandaise de Laugardalur, décor du dernier polar de Lilja Sigurdardottir. (Daniel Garrido/Getty Images)
par Christine Ferniot
publié le 14 mai 2024 à 8h45

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Gudrùn a-t-elle vraiment été enlevée ou a-t-elle monté cette opération de toutes pièces ? Sa maison a été fouillée et, sur la table de la cuisine, figure une lettre réclamant 2 millions d’euros. Son mari, Flosi, ne doute pas de la bonne foi de son épouse mais se refuse à payer la somme demandée. Il demande à Aurora, discrète enquêtrice de talent, de se mettre sur le coup et les pistes se multiplient rapidement. Car chaque protagoniste a quelque chose à cacher : le mari a une maîtresse enceinte, l’épouse disparue a besoin d’argent, quant aux affaires extrêmement fructueuses de Flosi, elles cachent des commanditaires mafieux venus de Russie.

Partant d’un scénario plutôt classique, l’islandaise Lilja Sigurdardottir tire des fils complexes, mêlant les histoires de famille, les affaires d’argent et les jalousies amoureuses. Elle transforme ainsi l’enquête policière en roman d’atmosphère teinté d’humour. Flosi est à la fois un peureux qui ne veut prendre aucun risque et un petit séducteur sans aspérité qui s’ennuie dans sa vie étriquée. Bergròs, sa maîtresse enceinte, est une excitée. En revanche, face à eux, Aurora, l’enquêtrice qui figurait déjà dans Froid comme l’enfer, est marquée par la disparition de sa propre sœur et semble être la seule à prendre la disparition de Gudrùn à cœur.

Mais, surtout, il y a l’Islande, remarquablement évoquée par la romancière qui nous promène dans les campagnes, les petites villes, les paysages embrumés. Elle décrit avec justesse ces lieux exotiques, glaçants et magnifiques. Avec elle, on traverse des chemins de terre en tentant d’éviter les étendues de lave, on entre dans des maisons trop chauffées qui donnent sur la splendide vallée de Laugardalur, plongeant dans la vie quotidienne des personnages, issus de milieux différents. Lilja Sigurdardottir y ajoute un soupçon d’ironie sans oublier une connaissance pointue des malversations financières et des systèmes bancaires, comme dans sa trilogie Reykjavik noir parue en 2018.

Rouge comme la mer de Lilja Sigurdardottir (traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün), éditions Métailié /Noir, 288 pp., 21,50 €.