Dans Autobiographie du rouge (L’Arche, 2020), Anne Carson, née en 1950, racontait l’amour pour Héraklès de Géryon, le garçon rouge et ailé. Dans Rouge Doc >, elle «continue la suite de leurs aventures dans un style très différent et sous de nouveaux noms». A part de régulières apparitions de poèmes titrés «Noces pour le cerveau» et qui ont la disposition d’habituels poèmes, l’ensemble du texte se présente sur la page sous la forme de flux de moins de cinq centimètres de large qui ne connaissent comme ponctuation que le point. C’est donc comme une bande sur la page qu’il faut lire le dialogue suivant : «Elle devient quoi ton autobiographie dit Sad t’avais toujours le nez dedans à l’époque. J’ai laissé tomber dit G. Il ne se passait rien dans ma vie. Ils se regardent l’un l’autre et commencent à rire.» Parce qu’on rit dans l’œuvre de la poétesse canadienne, et parfois aux moments les plus inattendus. «Pour G c’est un tel coup de poignard de jalousie et d’amour et de haine qu’il éclate de rire.»
Prométhée et le sexe
Ce n’est pas la meilleure manière de définir Rouge Doc >, mais c’en est une : un recueil de devinettes. «Qu’est-ce qu’une culture ? Une culture est ce qui approuve ou désapprouve les actions commises en son sein. Mais les approbations unanimes sont rares.» Ou : «de quoi est fait un trou» ? Réponse : «un trou e