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Mémoire

Rwanda : éclairer les parts d’ombre

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Trente ans après le génocide des Tutsis, deux ouvrages inaugurent les commémorations prévues à partir d’avril. Et nous incitent à mettre des mots sur des vérités parfois dérangeantes.
Le mémorial de Nyamata, au Rwanda. (Pascal Maitre/MYOP)
publié le 18 janvier 2024 à 6h53

«Le paradoxe avec un génocide, c’est que plus le temps passe et moins on l’oublie», écrivait il y a déjà dix ans, le penseur sénégalais Boubacar Boris Diop, dans son roman Murambi, le livre des ossements (Zulma, 2014), consacré au génocide des Tutsis du Rwanda, qui s’est déroulé en 1994. Les commémorations officielles auront lieu à partir du 7 avril, date du déclenchement de cette solution finale africaine. Il y a trente ans, le dernier génocide du XXe siècle a fait près d’un million de victimes en seulement trois mois. Cent jours, pendant lesquels les membres de la minorité tutsie, stigmatisée de longue date, seront impitoyablement massacrés.

Deux ouvrages, publiés ce mois-ci, inaugurent cette année de commémoration. Très différents sur la forme et même sur le fond, ils soulignent l’importance de cette page sombre de l’histoire de l’humanité mais nous confrontent aussi aux non-dits de nos mémoires, parfois défaillantes.

«Qui dit “Rwanda”, implique “machette”, qui lui-même sous-entend “génocide”. Trois mots qui se contaminent sans cesse dans une causalité macabre», constate Beata Umubyeyi Mairesse. Après avoir survécu au génocide, elle est arrivée en France où elle vit encore aujourd’hui. Romancière reconnue, autrice de plusieurs récits inspirés par le génocide de 1994, elle s’interroge dans son dernier ouvrage, le Convoi, sur ce que