Quatre récits, quatre fois Young, un Coréen gay de 32 ans qui se souvient de celui qu’il fut à 20 et à 25 ans. Il est devenu écrivain le jour où il a estimé que sa meilleure amie l’avait trahi : «Un sentiment auquel j’étais tout sauf habitué, considérant le peu d’attentes que j’avais envers autrui.»
Le jeune Young, narrateur de S’aimer dans la grande ville, a le même nom que l’auteur Sang Young Park, né comme lui en 1988. Il est légitime d’attribuer à l’auteur cet autoportrait de son personnage, quand celui-ci se décrit penché sur son ordinateur «inventant un moi qui n’était pas moi». Un «moi» qui semble à première vue ne pas être tout à fait raccord d’une histoire à l’autre. C’est agréablement déstabilisant. Un exemple : parmi ses nombreux partenaires Young évoque le détenteur d’une belle voiture, un étudiant en ingénierie qui ne l’intéresse pas, ou plus : «Mais nous avions aussi des points communs : être des homos à faible estime de soi, régulièrement visités par des pensées suicidaires, victimes de harcèlement à l’école, fans – quels snobs ! – de films d’auteurs, d’essais et de livres d’art mais détestant des trucs ennuyeux comme Haruki, Hong Sang-soo, la littérature française, et les Audis, de sorte que nous avons fini par être liés par un sent