L’Amérique est une histoire éclatante, sinistre et performante de la violence. L’un des grands cinéastes de cette histoire est Sam Peckinpah, le génie imparfait de Coups de feu dans la Sierra, de Pat Garrett et Billy le Kid, de Guet-apens, des Chiens de paille et de ce chef-d’œuvre du désenchantement épique, la Horde sauvage. Peckinpah ne se contente pas de montrer le phénomène : il l’expérimente et le transmet, comme un virus. Descendant de pionniers allemands (Peckinpaugh) et écossais (Church) enrichis, fils d’un avocat notable, austère et joueur de clarinette, il a grandi dans une vaste propriété. La famille possède une colline à son nom. Autour de l’enfant, des cow-boys content la vie sauvage, brutale, machiste, qu’ils ont vécue et aimée. A 14 ans, Peckinpah tue un daim. Il le dépèce comme on le lui a appris, mais en pleurant. Il vit à la frontière entre les mondes survivants de Fenimore Cooper, de Jack London, et le récit rétrospectif de ceux-ci. Un dégoût enchanté naît du mélange. Dans la fratrie, il y a deux filles adoptives, indiennes. Quand, plus tard, la rumeur attribuera au cinéaste au crâne orné d’un bandeau les mêmes origines qu’elles, il se gardera de nier. Sa vie est un alcool fort et une fiction.
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