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Roman

Samantha Harvey, espace mémoire

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans «Orbital», l’autrice envoie six astronautes en orbite et interroge le deuil vu d’en haut.
Image d'illustration fournie par la Nasa. (Getty Images)
publié le 29 mars 2024 à 16h22
(mis à jour le 8 avril 2024 à 12h01)

Tarkovski, Kubrick, Nolan, Chazelle… Le cinéma nous emmène tout le temps dans l’espace, c’est presque l’une de ses missions. La littérature, en revanche – exception faite du pré carré de la science-fiction –, on a le sentiment que c’est plus rare, et donc plus surprenant quand cela arrive (et cela arrive : souvenons-nous de la Vie est faite de ces toutes petites choses de Christine Montalbetti qui, en 2016, s’invitait dans le dernier vol de la navette américaine Atlantis). Il y aurait matière à s’interroger sur le pourquoi – pourquoi le roman garde-t-il ses distances avec le cosmos ? – , mais l’espace de cet article étant limité, contentons-nous du comment : comment faire pour raconter sans images ni son, seulement en mots, le voyage spatial à celles et ceux n’en ont pas fait l’expérience ? Pour répondre, lisons les phrases de Samantha Harvey dans la traduction de Claro : «Quand Nell faisait de la plongée, elle se disait : C’est peut-être comme ça quand on est astronaute. Maintenant, là-haut, il lui arrive de fermer les yeux et de penser : C’est comme la plongée. Cette façon lente et suspendue qu’a son corps d’évoluer, porté calmement comme s’il flottait dans l’eau.» Elle évolue dans le dédale du vaisseau «comme dans une épave», se glisse dans des trappes, avance