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Sami Nouri et la haute couture comme terre d’asile

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Le cahier Livres de Libédossier
De l’Afghanistan aux défilés parisiens, le styliste arrivé adolescent en France raconte dans un livre son itinéraire singulier.
Sami Nouri dans son atelier parisien en 2017. (Joel Saget /AFP)
publié le 23 novembre 2022 à 23h43

«Fuir notre patrie était le seul moyen de rester en vie». Pour échapper au régime des talibans, Sami Nouri, 26 ans, a choisi la solitude de l’exil. Dans la Machine à coudre, il raconte comment, au terme d’une odyssée poignante, il a trouvé le moyen de son émancipation dans… la haute couture française. Son livre retrace cet itinéraire singulier, de l’Afghanistan en guerre aux défilés de mode parisiens, qui ont pour lui, loin des armes et des barbelés, la saveur de la liberté.

Souffleur de verre dans une usine

Sami grandit à Mazar-e Charif dans le nord de l’Afghanistan. Après la mort de son frère aîné sous les coups des talibans, la famille se réfugie à Téhéran, en Iran. A cet instant débute sa vie de clandestin, risquant l’arrestation à chaque sortie. Il aide son père tailleur qui lui apprend à confectionner des vêtements puis il se fait embaucher à dix ans comme souffleur de verre dans une usine. La famille décide de rejoindre l’Europe séparément. Sami, 14 ans, confié à un passeur, arrive à Tours, en France, livré à lui-même dans un pays dont il ignore tout. Recueilli par les services sociaux, il est placé en foyer pour mineurs, apprend le français avec ses éducateurs et continue la couture avec Martine. La chance lui sourit enfin : il trouve refuge dans une famille d’accueil.

Dans sa rage de choisir son destin, il mise tout sur l’école. Sa professeure de collège remarque son talent pour la couture et l’inscrit en «bac pro-métiers de la mode». Au fil des apprentissages, sa vocation se confirme. I