Deux classiques et une intégrale en habits de fête… Saluons d’abord le plus beau des trois : le Grand Dieu Pan de Arthur Machen, illustré par Samuel Araya. Depuis plusieurs années, les modestes mais vaillantes éditions Callidor, spécialistes de la fantasy des origines, ont créé «Collector», une collection de classiques illustrés. On a déjà eu Salammbô, le Roi en jaune, l’Appel de la forêt, voici le Grand Dieu Pan.
Sur la forme, l’objet est très beau : édition soignée et dessins envoûtants de Araya, qui avait déjà illustré le Roi en jaune. Sur le fond, il est très complet puisqu’il présente, outre la nouvelle titre, celles que Borges avait réunies pour sa collection de littérature fantastique «La bibliothèque de Babel» et une autre, «La lumière intérieure», publiée à l’origine avec «Le Grand Dieu Pan» mais rarement reprise depuis. Mal accueilli en son temps où il fut souvent jugé «décadent» et «répugnant», mais salué en revanche avec enthousiasme par Lovecraft, ce conte noir a depuis atteint le rang de classique, laissant le reste de l’œuvre de Machen dans une relative pénombre. La traduction, datant de 1901, est celle du poète Paul-Jean Toulet, et le texte est éclairé par des contributions de Borges, du cinéaste