Les femmes représentent 24 % des personnes incarcérées en France pour jihadisme. Ce pourcentage bouscule la représentation masculine de ce terrorisme et contraint à s’interroger sur l’affirmation, à partir de la décennie 2010, d’un activisme féminin sur fond de radicalisation. Cette évolution s’est traduite par une augmentation du nombre des emprisonnées (26 en 2016, 94 début 2024), et des départs de Françaises pour rejoindre l’EI, accomplissant leur hijra, l’émigration pour vivre sur les terres du «califat». Comment ne pas s’étonner avec le sociologue Romain Sèze, spécialiste de ce sujet, de ces chiffres et de la tardive prise de conscience de cet engagement ?
Violence et mépris
Son enquête auprès de cette population carcérale répond d’emblée à ces interrogations. Cette répartition sexuée s’explique par la surmortalité des hommes, au combat sur zone ou lors d’attentats loin d’elle – auxquels, en un effet