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Essai

«Se sacrifier pour la cause», aux racines du jihadisme féminin

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Dans une enquête rigoureuse, nourrie par les témoignages de femmes incarcérées, le sociologue Romain Sèze démontre comment le mal-être et le sentiment de rejet, plus que la ferveur religieuse, conduisent souvent à la radicalisation.
Les femmes représentent 24 % des personnes incarcérées en France pour jihadisme. (Denis Allard/Libération)
publié le 15 mai 2025 à 17h10

Les femmes représentent 24 % des personnes incarcérées en France pour jihadisme. Ce pourcentage bouscule la représentation masculine de ce terrorisme et contraint à s’interroger sur l’affirmation, à partir de la décennie 2010, d’un activisme féminin sur fond de radicalisation. Cette évolution s’est traduite par une augmentation du nombre des emprisonnées (26 en 2016, 94 début 2024), et des départs de Françaises pour rejoindre l’EI, accomplissant leur hijra, l’émigration pour vivre sur les terres du «califat». Comment ne pas s’étonner avec le sociologue Romain Sèze, spécialiste de ce sujet, de ces chiffres et de la tardive prise de conscience de cet engagement ?

Violence et mépris

Son enquête auprès de cette population carcérale répond d’emblée à ces interrogations. Cette répartition sexuée s’explique par la surmortalité des hommes, au combat sur zone ou lors d’attentats loin d’elle – auxquels, en un effet