Durant la Seconde Guerre mondiale, il y a eu de l’autre côté du Rhin de belles histoires d’amour, malgré le conflit, car nées du contact entre civiles du IIIe Reich et prisonniers français, au nombre de 1,3 million. La mixité de l’usine ou la ferme désertée par les mobilisés favorisent les rencontres; elles sont aussi provoquées au hasard d’un trajet, d’une fête, aux abords des logements de ces étrangers, à la langue si souvent méconnue. Photos échangées entre amants, petits mots doux, promesses écrites de s’unir la paix revenue, pour fonder une famille ou en donner une à l’enfant de cette union clandestine sont autant d’expressions des sentiments sincères, tendres ou passionnés retrouvées par Gwendoline Cicottini, historienne au Mémorial du camp de Sandbostel en Allemagne. En attestent le large sourire de Jean R., pris sur le vif par l’objectif de Frieda, ou le «Mon Chéri Je t’aime!!!» écrit de la main de Petronella H., une travailleuse néerlandaise sur la gouache qui représente Marcel S., cadeau de l’élu de son cœur, ou la signature dans un français approximatif de Klara K. à René E: «Ta petite femme. Je aimer toi toujours»…
Don de chocolat ou acte sexuel
Si ces précieuses traces viennent enrichir une historiographie jusqu’alors peu fournie sur les «relations interdites», elles furent auparavant brandies contre des Allemandes comme preuves de leur trahison à la nation par les tribunaux d’exception, «chars d’assaut de la justice», en application d’un décret de 1939, tandis que les hom