En 2006, Simone Veil, âgée de 78 ans, livre face à une caméra le témoignage de sa déportation. Cette collecte de la parole des déportés est organisée par l’INA et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Pendant cinq heures, l’ancienne ministre de la Santé raconte son enfance à Nice, son arrestation en mars 1944, l’arrivée et l’enfermement à Auschwitz-Birkenau, le retour en France. Ce témoignage inédit est visible sur le site de l’INA et audible sous forme de podcast disponible sur plusieurs plateformes (1). Sa retranscription vient d’être publiée.
1. Le judaïsme est-il compatible avec la laïcité ?
Simone Veil, dont le nom de jeune fille est Jacob, commence par présenter sa famille et insiste sur l’étanchéité entre la pratique religieuse et le sentiment d’être juif. Ni son père, architecte, ni sa mère, qui avait commencé des études de chimie et les avait arrêtées en se mariant, n’étaient pratiquants. En 1931, Simone Veil a 4 ans quand une fille de sa classe lui dit : «Tu es juive, ta mère mourra brûlée en enfer.» Commentaire de Simone Veil : «C’est tout de même extraordinaire, c’était en 1931.» En 1939, une cousine l’emmène à la synagogue. Le père de Simone Veil se met en colère quand il l’apprend : «Je ne pense pas du tout qu’il était franc-maçon, mais il éta