Séverine l’avait prédit, on l’oublierait. Elle avait beau avoir été la journaliste la plus célèbre de la fin du XIXe siècle, la première femme à avoir dirigé un grand quotidien, son nom disparaîtrait des mémoires. «Journaliste, nous sommes pareils aux feuilles des arbres que le printemps voit naître et que l’hiver voit expirer… De quelle importance est cela si nous avons donné notre parcelle d’ombre, de fraîcheur et d’abri.» Dans la préface au recueil Séverine, l’insurgée, l’écrivain et biographe Paul Couturiau (1) cite cette phrase humble et lyrique qu’elle écrit dans le Cri du peuple le 7 octobre 1922, sept ans avant sa mort. Avec ce livre regroupant quarante-cinq textes de Séverine (1855-1929), les éditions de l’Echappée souhaitent remettre en lumière les écrits et la verve acérée d’une personnalité libertaire et féministe. On peut considérer que c’est une paille sur le total des 6 000 papiers que la journaliste a «pondus» dans sa carrière. Mais les précédentes anthologies étaient épuisées et la sélection chronologique proposée, de 1886 à 1921, à chaque fois introduite de manière contextualisée, donne un aperçu représentatif de l’éventail des sujets qui enflammait celle qui avait été formée par Jules Vallès. Elle ouvre d’ailleurs sur un article écrit le 15 février 1886 pour le premier anniversaire de la mort de l’ancien communar
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Séverine en tenue de mineur, sur un site des mines de Saint-Etienne, après un coup de grisou, le 31 juillet 1890, qui causa la mort de 120 mineurs. ( Rebeaud/Bridgeman Images)
publié le 1er décembre 2022 à 4h47
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