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Entretien

Shane Haddad, romancière : «La colère est un moteur, on part d’elle pour écrire»

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Le cahier Livres de Libédossier
Entretien avec la jeune autrice autour de son deuxième roman à l’impératif «Aimez Gil».
Shane Haddad, en mai 2024. (Hélène Bamberger/Opale)
publié le 1er novembre 2024 à 15h45

Il faut descendre dans une cave où les corps ondulent et se collent les uns aux autres dans la sueur et l’alcool pour rencontrer Gil. Ce qu’elle cherche dans un verre, «c’est l’assurance, la beauté, l’irrésistible de [sa] gueule». C’est le début d’une fuite, celle d’une jeunesse perdue. On le comprend dès le titre de ce deuxième roman à l’impératif, Aimez Gil, sous-entendu écoutez et regardez cette femme. Il faut la voir parcourir la France, le temps d’un été, avec Mathias et Mathieu – ses amis /amants fantasmés – à bord d’une Clio cabossée, crachant «une fumée noire». Souvent installée sur la banquette arrière, Gil fume «cigarette de merde» sur «cigarette de merde» et saisit des bières chaudes dans la boîte à gants. C’est une erreur de croire qu’on s’affranchit en roulant, «on est trop cons en fait» quand on a 25 ans. Rencontre avec Shane Haddad.

Quel a été le point de départ ?

Tout part d’un atelier d’écriture en troisième année de fac. Il fallait inventer une nouvelle en s’inspirant de Rimbaud, le fils de Pierre Michon. Sans doute influencée par ma lecture de Jules et Jim d’Henri-Pierre Roché (Gallimard, 1953) ou de la M