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Roman

Sheena Patel, cherchez la fan

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Le cahier Livres de Libédossier
Marie Darrieussecq traduit le premier roman insolent de l’autrice britannique, «Je suis fan».
Sheena Patel en avril à Paris. (Francesca Mantovani)
publié le 6 avril 2025 à 4h42

L’obsession et la répétition se déclinent à plusieurs niveaux, dans Je suis fan. L’héroïne pense sans relâche à l’homme qu’elle convoite, qu’elle fréquente de temps en temps mais qui n’est pas libre, et les fragments qui composent le roman comptent souvent, dans leurs premières lignes, l’expression suivante : «L’homme avec qui je veux être». Il ne veut pas d’elle, n’est presque pas décrit, n’a pas de prénom, n’est ni bien ni mal. Il se pourrait que cet homme ne soit pas le même d’un fragment à l’autre. Il est marié et refuse que son existence soit bouleversée. La «fan» est peut-être aussi une autre femme d’un fragment à l’autre. Ce dont se moque tambour battant, dans son premier roman, la Britannique Sheena Patel, c’est l’envie jamais assouvie d’avoir ce qui se trouve dans le jardin d’à côté ; la soif de posséder ce qui appartient aux autres, ou à celle que l’on suit sur Instagram. Ceint d’une jaquette rose qui lui donne un air joyeux et léger, traduit par Marie Darrieussecq, Je suis fan est de ces livres qui captent très bien certains des défauts de l’époque – consumérisme, individualisme, inconstance – et qui les présentent sous un jour sarcastique, pas trop caricatural. Le titre, le même en français que celui de la version originale sortie en 2022, est lui aussi symptomatique de notre monde qui ne donne pas dans la nuance. C’est tout ou rien. L’action se passe à Londres, dans des endroits plus ou moins branchés : un wagon de train de banlieue o