A l’été 1820, comme il se trouve à Lausanne, l’écrivain et aventurier anglais Edward John Trelawny, dit «Tre», regarde les montagnes. Après avoir été corsaire et vagabond dans les mers du Sud, ça repose. Il a 28 ans. Un ami libraire lui dit : «L’élévation des esprits importe plus que la hauteur des montagnes ; et les livres sont les étalons qui servent à les mesurer.» Il lui lit des textes de Byron, une star en Europe, mais une star qui, en couchant avec sa demi-sœur, a fait scandale en Angleterre et en est partie. Le libraire lit aussi les vers d’un cousin à lui, un certain Shelley, qui a également fait scandale et fui l’Angleterre. Les deux grands poètes romantiques vivent alors à Pise, à quelques centaines de mètres l’un de l’autre. La vie y est plus douce, plus libre.
«Tre» les rejoint à Pise en janvier 1822. Il va les fréquenter intensément, mais pas longtemps. Shelley meurt noyé en mer, dans un orage, avec un ami et un mousse, le 8 juillet suivant. Il avait 29 ans. Le bateau avait été construit pour lui et baptisé Don Juan. Byron rejoint la Grèce, qui lutte pour son indépendance contre les Turcs, et meurt de fièvre, en avril 1824, à Missolonghi. Il avait 36 ans. En 1858, «Tre» publie les Derniers Jours de Shelley et Byron. Le texte, <