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Littérature

Sherlock Holmes, l‘onomastique flottante de «ACD»

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Le cahier Livres de Libédossier
Une traversée des noms dans l’œuvre d’Arthur Conan Doyle, à l’occasion de la sortie de deux tomes en Pléiade.
Sherlock Holmes (arme au poing) et Watson dans un film de 1916 de William Gillette and Ernest Maupin. (John Springer Collection. Corbis. Getty Images)
publié le 16 mai 2025 à 14h56

Sherlock Holmes et son frère Mycroft ont des parents si effacés que leur seule intervention dans l’œuvre réside dans ces prénoms, encore que le nom de baptême − disons-le ainsi puisque Arthur Ignatius Conan Doyle fut baptisé dans l’église catholique − du détective fut Sherrinford avant que l’auteur ne change. Watson aurait été Ormond Sacker. Quant au nom de l’auteur, il est sujet à diverses cautions et André Morvan débute ainsi sa «Note sur la présente édition» : «Arthur Conan Doyle ou Sir Arthur Conan Doyle ? Doyle ou Conan Doyle ? Le choix est vaste. Le nom Conan, vestige du baptême du futur créateur de Sherlock Holmes […], est un ajout validé par l’usage, au point que nombreux sont ceux pour qui Conan Doyle est son véritable nom de famille. Stricto sensu, son patronyme est pourtant Doyle tout court. Et c’est assez souvent de la sorte qu’y font référence les commentateurs anglophones, quand ils ne se contentent pas, par commodité, du sigle “ACD”.» Par respect pour l’usage du «public francophone», la Pléiade en reste à Arthur Conan Doyle.

«Ce monsieur disparaîtra»

La première apparition de Sherlock Holmes a lieu dans Etude en rouge, paru en volume en 1888, qui devait à l’origine s’appeler «Un écheveau embrouillé» et fut d’abord traduit en français en 1899 «Un crime étrange». Y apparaissent, laissées sur le lieu du crime, les lettres «RACHE» que ce crétin d’inspecteur Lestrade, mais pas Sherlock Holmes, interprète comme les cinq premières de Rachel alors qu’elles sig