Etrange société que celle des Mulaï : ils vivent en communauté sous un dôme au milieu d’une zone habitable de deux cinquante kilomètres de rayon. En dehors de ce périmètre qui ne compte que des scorpions ou des couleuvres, il n’y a rien : l’atmosphère est presque absente et la température moyenne atteint les 63° en dessous de zéro. Ils vivent en trinôme (ce qui est pair est inquiétant pour eux), copulent sans intimité et sans pénétration vaginale (et «soit la sexualité n’existe pas, soit n’importe quel échange de plaisir est sexuel»), parlent une langue qui évolue en permanence, n’apprécient pas que l’on écrive en privé, croient en un dieu appelé «Dog» et mettent leurs morts au compost. Ils ne peuvent pas se sentir orphelin car l’idée de paternité ou de maternité n’a pas cours chez eux. Les nouveau-nés intègrent simplement le groupe. Le genre n’existe pas, il n’est pas porteur de sens… Qui sont ces Mulaï aux mœurs extrêmement exotiques aux yeux de l‘archéologue envoyé pour les étudier et rédiger un rapport ?
Au cours de ses cinq années d’immersion, le docteur Nahum Cordovero prend conscience que son étude sur les Mulaï «n’est en réalité qu’une forme d’auto-ethnographie. […] Ce n’est que dans la rencontre avec l’autre qu’il nous est donné de nous voir nous-même». Le roman a la forme de fragments composés du journal et du rapport de cet envoyé spécial, mais aussi des récits de femmes mulaï qui ont tenté d’en savoir davantage sur l’origine de leur so