C’est un roman dans lequel tout le monde éprouve de la gêne. Mais pour le lecteur, happé par ce climat tendu, le malaise est délectable. Une catastrophe est-elle sur le point d’avoir lieu ? On la redoute et on la guette entre les lignes de Vincent Almendros, écrivain né en 1978, auteur de trois précédents romans, et dont l’écriture épurée est d’une extrême délicatesse. On dirait que le texte a été déposé avec de fines baguettes sur la page et que tout est entré du premier coup, sans un pli. Où sont les coutures ?
Un style infusé par une pointe de sadisme
Quentin, en revanche, le narrateur de Sous la menace, gigote à droite, à gauche et ne trouve sa place nulle part. Son entourage ne fait rien pour l’accompagner dans la crise qu’il traverse. C’est en partie celle de l’adolescence, puisqu’il a 14 ans. En partie seulement. Lorsque s’ouvre le roman, il est en voiture avec sa mère au volant et sa cousine de 11 ans à côté de lui. Elle s’appelle Chloé, Quentin ne l’a pas vue depuis un moment, leur différence d’âge lui semble importante, mais Chloé l’intéresse beaucoup. Ils vont passer le week-end chez les grands-parents paternels de Quentin. La grand-mère est relativement accueillante mais elle ne déborde pas de tendresse non plus. Le grand-père n’a plus la mémoire de rien. C’est plus grave que cela : il est pétrifié, enfermé ailleurs, dans le chagrin. Le style précis d’Almendros est infusé par une p