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Roman

«SPACE» de Gabriel Gauthier, toutes espèces d’espaces

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Le cahier Livres de Libédossier
Un «lac insondable» à l’intérieur du «je», un parking de voitures rangées par couleur, des abysses : «SPACE» est le premier roman caméléon d’un jeune écrivain également musicien.
Photo extraite de la série «Traffic lights 2.0». (lucas Zimmermann)
publié le 15 novembre 2024 à 17h00

A mesure qu’on prend de l’âge, force est de constater que les livres, dans leur forme du moins, se standardisent. Il suffit pour s’en convaincre de comparer une bibliothèque dédiée à la jeunesse (où tout est généralement sens dessus dessous, dans une variété de formats) et les rayons des lecteurs adultes (où idéalement rien ne dépasse trop). Le narrateur de SPACE (en lettres capitales, un titre qui prend de la place) témoigne d’une certaine nostalgie pour les albums de l’enfance et comprend que les illustrations lui manquent. Lui revient en particulier en mémoire la fascination qu’exerçaient sur lui «les livres en relief» où, lorsqu’on tournait une page, se dressait soudain tout un monde, «dépliant dans l’espace des temples incas et des châteaux forts, des forêts funèbres et des maisons hantées anglaises, des architectures de dentelles qui, la page tournée, s’y recouchaient, évanouies dans l’épaisseur disparue». Désormais, chez les grands, «nulle construction ne s’élève dans l’air». On peut se faire une raison, ou pourquoi pas s’interroger : comment y remédier avec les moyens du bord ?

Pics d’intensité

Le premier roman de Gabriel Gauthier (né en 1992 sur une colline en surplomb de Rouen, à Mont-Saint-Aignan, diplômé des Beaux-Arts, musicien, deux livres de poésie derrière lui) ne compte aucune illustration et aucun système de découpes