Ce sont deux intellectuels issus d’un milieu qui n’en comptait pas avant eux. Leur enfance est un paysage. Même rêverie poétique au bord d’un ruisseau, Normandie d’un côté, Franche-Comté de l’autre. Stéphanie Lamache est née en 1969. Le décor de son premier roman (mais narratrice et autrice portent le même nom), Objets, trajets, est «la marqueterie du bocage». Elle vit dans un ancien pressoir à cidre, «au bout du chemin bordé de houx et d’aubépines» avec son frère et leurs parents, qui élèvent des chèvres et vendent des fromages. La maison, qui succède à un appartement à Lisieux (le père était magasinier dans un garage, la mère faisait des ménages) a été aménagée en compagnie d’un oncle maçon, frère de la mère. L’oncle vit avec une autre de ses sœurs près de Cherbourg. Là se passent les vacances. Le Cotentin représente l’abondance, par opposition au «fin fond du pays d’Auge» où tout n’est que restrictions, labeur sans issue, surendettement.
L’entreprise paternelle de plâtrerie-peinture
Une forêt de sapins, des routes abruptes, des plateaux, la neige : Jean-Pierre Ferrini, né en 1963, a grandi «dans une de ces rudes bourgades du Haut-Doubs», le village de «V.». Son nouveau récit, Un passage, est conçu comme un adieu à son père, un adieu, aussi, à l’ancien monde qu’il a encore connu, avant «le développement urbain incontrôlable». M. Ferrini, fils unique d’émigrés italiens, avait repris l’entreprise paternelle de plâtrerie-peinture, et épousé la fille du maire e