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Poésie

«Sur la terre» : Anne-James Chaton la tête bien Pline

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Poésiedossier
Le poète et performeur invente sa propre «Histoire naturelle» dans un petit livre en vers.
Anne-James Chaton a inséré dans «Sur la terre» de véritables morceaux de Pline l'Ancien. ( Enna/P.O.L/ Enna/P.O.L)
publié le 7 août 2024 à 16h55

Pour écrire Salammbô, Flaubert s’était «perdu» dans Pline l’Ancien, qu’il disait avoir relu «pour la seconde fois de [s]a vie d’un bout à l’autre». Il faut dire que l’Histoire naturelle de l’écrivain mort lors de l’éruption du Vésuve a pour ambition de compiler l’ensemble des connaissances de son époque sur la cosmologie, l’anthropologie, la minéralogie, etc.

Elle est donc bien utile pour décrire tout ce qui, comme l’indique le titre d’Anne-James Chaton, est «sur la terre». Celui-ci a confié Pline à son narrateur pour le guider dans une longue marche vers la demeure d’un ami : «il habitait un endroit reculé dont je ne savais rien». La première partie de cet amusant petit livre en vers est ainsi une sorte de safari halluciné à travers ce qu’on appelait jadis «les merveilles du monde» ; la seconde est un «dîner» où l’on discute des usages de ces merveilles (les manger, les boire, se les tartiner sur la peau…). Le poète et performeur se joue principalement de deux genres littéraires obsolètes : la poésie didactique, qui déclame en vers des connaissances, et la littérature symposiaque (de symposium, banquet), où des convives assemblés commentent à l’envi ce qu’ils sont en train de consommer.

Le monde à tâtons

C’est la méthode habituelle de Chaton : écrire «d’après», avec