Menu
Libération
Revue

Suzanne Lallemand, enfanter la pensée

Article réservé aux abonnés
«Journal des africanistes» consacre son numéro de juin à l’anthropologue spécialiste de la parentalité en Occident et au-delà.
Suzanne Lallemand. (DR)
publié le 5 septembre 2024 à 3h10

En 1981, Suzanne Lallemand, associée à Guy Le Moal‚ écrivait dans «Un petit sujet» (Journal des africanistes), un article qui a fait date : «Dans le domaine de l’enfance […], une autre source d’information pourrait être l’étude de la parenté ; en effet elle implique les rapports intergénérationnels de l’enfant aux ascendants, du petit-fils au grand-père, du neveu à l’oncle utérin.» Ce sont les lignes emblématiques de cet revue collective qui montrent à quel point les textes de Suzanne Lallemand ont apporté un socle de savoirs et de connaissances qui ont éclairé avec pertinence les réalités de la parentalité, tant celles des sociétés exotiques que celles de l’Occident actuel. Dans le numéro de juin, plus de dix chercheurs rendent hommage à Suzanne Lallemand – impossible de les citer tous. Un article intéressant de Doris Bonnet, «Quand la stérilité interroge la nature des liens familiaux», prolonge, sur le thème du «faire famille par le confiage d’enfant», le livre majeur de l’anthropologue, la Circulation des enfants en société traditionnelle. Prêt, don, échange (l’Harmattan, 1993). L’autrice avait inventorié différentes formes de mobilité enfantine au-delà même de l’Afrique : quand par exemple un couple est en manque de descendance, quel transfert ou stratégie d’enfantement d’enfant se joue alors ? S’inscrit-il dans la filiation ou dans l’alliance ? Une question chère aux anthropologues… Les femmes camerounaises étudiées par Doris Bonnet font des