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Pourquoi ça marche

Sylvain Tesson, émoi du blanc

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Une saison à la montagnedossier
L’écrivain raconte sa traversée des Alpes avec un ami, à ski, de refuge en refuge, depuis Menton jusqu’à Trieste.
(Eric Bourret/VOZ'Image)
publié le 12 novembre 2022 à 9h34

Cela commence par ces mots tirés de l’introduction de Blanc, le dernier livre de Sylvain Tesson. «Du Lac [son ami et guide, ndlr], dis-je. Pourquoi ne pas nous enfoncer dans le Blanc. On a quelque chose à y trouver.» S’ensuivront 200 pages relatant l’aventure des deux hommes : la traversée des Alpes à ski, de refuge en refuge, depuis Menton jusqu’à Trieste à l’autre bout de l’arc alpin, en passant par l’Italie, la Suisse, l’Autriche et la Slovénie.

1. Est-ce un exploit ?

Quatre-vingt-trois jours repartis sur quatre hivers (2018-2021), des centaines de kilomètres avalés au plus près des sommets, des dizaines de milliers de mètres de dénivelés arrachés à la tempête et aux avalanches, dans une course qui «dissout le temps, dilate l’espace, refoule l’esprit au fond de soi» avec le risque de chute fatale à chaque crevasse… Oui, l’équipée alpine de Tesson et de son guide mérite le respect. Un vrai raid, demandant constance et efforts réitérés que l’auteur analyse avec lucidité : «L’esprit oublie vite la souffrance du corps. C’est le ressort de la vie : effacer et recommencer. La volonté est un fauve. Elle réclame sa part de viande : on rêve à un nouveau départ, aussitôt goûté le repos. Quand l’expérience commence à vous dissuader de partir, c’est que vous avez vieilli.»

2. Y a-t-il de la profondeur ?

Divisé en petits chapitres résumant chaque journée, l’ouvrage est l’occasion pour Tesson, à peau de phoque, de laisser glisser sa pensée au rythme lent de l’itinérance – concept longuement développ