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Pourquoi ça marche

Sylvain Tesson, ô calvaires ô menhirs

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L’écrivain prend la voie des mers et remonte le filon celte dans «Avec les fées».
Pendant le voyage de Sylvain Tesson le long du littoral des mers celtiques. (Priscilla Telmon/OPALE)
publié le 21 janvier 2024 à 5h26

«On fait du nord», dit le marin. Le 15 mètres appareille de Gijón, en Espagne, pour longer le littoral de la Galice jusqu’aux Shetland écossaises, deux mille kilomètres, trois mois de croisière et trente ans de bourlingage sur terre et mer pour Sylvain Tesson. Quatorze ans auparavant, il avait tenté le voyage celto-atlantique par voie terrestre, las la côte était bétonnée. Damned civilisation. «J’étais parti chercher le roi Arthur et l’enchanteur Merlin, je me retrouvais chez Leroy-Merlin.» La voie des mers évite au remâcheur réac l’agitation du siècle 21. Dans la cambuse, une bibliothèque de licornes et de chevaliers, Hugo, Apollinaire, Aragon, Nietzsche, de la poésie anglaise, du Yeats et du Walter Scott… Avec les fées est parsemé de citations, comme d’aphorismes du cru, du Tesson dans le texte. Ça vaut son pesant de ventes.

Que sont mes amies les fées devenues ?

Sylvain Tesson n’est pas Arthur Conan Doyle qui y croyait aux fées à tutu et à ailettes. Les siennes se trouvent dans «une qualité du réel révélée par une disposition du regard». Comprendre l’instant de grâce, un reflet, le vent dans les feuilles, «le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de bête» (vécu sans doute pour la Panthère des neiges). Il faut aller les chercher les fées, et l’écrivain voyageur vit ce luxe de l’échappée. Il faut savoir partir loin pour les retrouver, tant «par