«C’était jour de paie pour les vachers des plaines./ C’était jour de peine pour les filles de joie.» Terres promises, le premier roman de Bénédicte Dupré La Tour, née en 1978 à Buenos Aires et coscénariste (avec sa jumelle Florence) des aventures en bande dessinée de Borgnol chez Gallimard-Jeunesse, pourrait s’appeler «le Bourbier» tellement les personnages s’y font traîner au sens propre, dans cette boue qui leur est un destin et dans laquelle ils risquent de se noyer. C’est une vision féministe et sociale de la ruée vers l’or et de la conquête de l’Ouest, où la conquête est une défaite et la ruée une ruade qu’on prend en pleine tête et en plein cœur.
Le roman est découpé en histoires de divers personnages dont il faut de nombreuses pages pour découvrir qu’elles se recoupent et s’approfondissent les unes les autres, le tout entrecoupé de brèves lettres d’un jeune homme nommé Eliott Burns à son père, sa mère ou d’autres et qui commencent toutes pareillement : «Dans quelques jours, je serai pendu.» Ce qui est une façon radicale de s’extraire du bourbier. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, a fortiori quand c’est un territoire qui les tient en se prétendant un nouveau monde. «Ils traversaient cet espace terrifiant de beauté hostile, persuadés d’obtenir, au-delà des montagnes, une prospérité. D