Menu
Libération
Pourquoi ça marche

Tevis de fixation

Article réservé aux abonnés
Du roman à la série, la bonnes fortune du «Jeu de la dame»
Extrait de la série «le Jeu de la dame»: l'orpheline et le gardien du foyer. (Phil Bray/Netflix)
publié le 3 avril 2021 à 14h24

Rien n’est jamais perdu. Avant d’être une minisérie binge-watchée des dizaines de millions de fois sur Netflix, le Jeu de la dame fut un roman un peu oublié de Walter Tevis. Publié outre-Atlantique en 1983, il doit au scénariste à succès Scott Frank son retour de hype et, par ricochet, sa ressortie chez Knopf en collection vintage. Fin 2020, on le retrouvait ainsi au sommet des ventes aux Etats-Unis (jusqu’à atteindre, trente-sept ans après sa parution, la deuxième place des best-sellers du New York Times catégorie fiction). En France, le page turner, traduit chez Albin Michel en 1990, était indisponible depuis plus de vingt ans. Problème résolu par cette nouvelle édition chez Gallmeister. En 1957, dans le Kentucky, une petite orpheline révèle au sous-sol de son foyer un talent fou pour les échecs en jouant avec le gardien. Au programme de la suite : tournois, bitures, grandeur, décadence et «pion en fou de la dame quatre».

1. Est-ce une histoire vraie ?

Au visionnage, allez savoir pourquoi, on s’était imaginé trois secondes la série inspirée d’une histoire vraie. Eh bien, pas du tout : il n’existe aucune Beth Harmon orpheline et prodige des échecs ailleurs que dans l’imagination de Walter Tevis. L’auteur précise d’entrée de jeu que «le Jeu de la dame étant une fiction», les grands maîtres Bobby Fischer, Boris Spassky et Anatoli Karpov n’y figurent pas «pour éviter les incohérences historiques». Si l’on cherche dans le texte une figure f