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Il est rare que l’on sorte d’un roman noir charmée par l’écriture mais incapable d’en résumer l’intrigue. C’est ce qui nous est arrivé avec le nouveau roman de Séverine Chevalier, Théorie de la disparition, un texte court, très écrit, avec des innovations stylistiques et des phrases longues et scandées tels les vers d’un poème. Exemple avec le mot «tombe» écrit à cinq reprises dans la marge à la page 16 : «Me frappe à l’écrire plusieurs fois l’homonymie avec l’endroit où l’on aboutit en général entreposé, quand on est mort. De la même manière que dans un cercueil je ne bouge pas, je me tiens pour ainsi dire statique, un cadavre, et simultanément j’avance vers le bas, consciente, aspirée à toute allure par le trou et le centre de la Terre ; je chute, je dégringole implacablement, quittant comme les morts le monde des vivants, mais sans être morte moi-même, et il n’y a pas de tout à coup, pouf, me voilà étendue avec Alice sur un tas de fagots et de feuilles sèches – et j’ai fini de tomber ; non, après une durée variable selon les nuits, je me réveille, plus ou moins hagarde.» On l’a compris, l’héroïne n’est pas très en forme ou disons plutôt