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Récit

«Tous passaient sans effroi» de Jean Rolin, passe pyrénéenne

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Le cahier Livres de Libédossier
L’auteur part sur la trace des «évadés de France» pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans les Pyrénées, en 2022, entre le col de Banyuls et le pic du Sailfort. (JC Milhet/Hans Lucas. AFP)
publié le 25 janvier 2025 à 13h10

Passer par où ils passèrent, c’est le programme de la nouvelle vadrouille de Jean Rolin. Pas de temps mort, de détails oiseux, il est déjà sur place à Saint-Girons, au début du livre, un début de juillet, pour une tentative de franchissement des Pyrénées (il y en aura plusieurs). Francis vient le prendre à la gare, dans sa camionnette d’un jaune éclatant. Cet autre écrivain de romans sans fiction lui raconte «une histoire si étonnante», que Rolin lui réglerait bien son sort pour la lui voler. La sienne à lui, dans laquelle on vient d’entrer, ne sera-t-elle pas aussi bonne ?

Son projet à lui cette fois-ci, après le Grand-Paris, la Côte d’Azur, Cayenne, ou d’autres lieux (1) : accompagner la randonnée annuelle du musée local via l’itinéraire emprunté sous l’Occupation par un grand nombre d’«évadés de France» – trente mille selon la sous-préfète –, de Saint-Girons à Alós d’Isil en Espagne. Les «évadés» ont fui le nazisme par les Pyrénées ariégeoises, ils étaient résistants, juifs, aviateurs alliés, réfractaires au service du travail obligatoire, ils voulaient atteindre l’Espagne. Ils ont été aidés par des habitants, des passeurs ou pris en charge par des réseaux, traversant souvent dans des conditions difficiles, l’altitude, l’obscurité, le froid glacial, la neige. Dans les Pyrénées, «d’innombrables» monuments rappellent ces passeurs et leurs clients.

Rayonnement en étoile

Tous passaient sans effroi, phrase saisissante issue du Cor d’Alfred de Vigny – et titre magnifique –