«Comment appelle-t-on le mari de la fée ?» La question est au milieu du nouveau recueil de Stéphane Bouquet, à défaut d’être en son cœur. Et c’est vrai que, concernant la sorcière, on a une petite idée que son mari pourrait être l’ogre (encore qu’on sente bien que c’est plutôt son cousin), mais pour la fée… ? C’est ce que se demande un enfant né le 31 octobre – comme l’auteur – qui finit par en rencontrer un autre, lequel accepte de lui tatouer une fougère dans le dos, «et tout a lieu dans le silence suprême de la concentration et la forêt elle aussi retient son souffle».
Ce garçon doit être le mari de la fée (Bouquet omet volontiers de rappeler que fairy, «fée» en anglais, signifie «pédé», parfois dans un sens réapproprié). Puisque le désir homosexuel parcourt, comme toujours chez l’auteur, le livre, avec sensualité et autodérision, tragique et épicurisme raisonné. «Le poème n’a pas forcément quelque chose à dire, explique l’écrivain à Jean-Paul Hirsch sur le site de son nouvel éditeur, P.O.L. Il aurait plutôt quelque chose à faire, et ce faire est la création d’un lien, d’un rapport de sensations, une espèce de forme de contact peut-être, un rapport de caresse, de douceur.»
Plus vite que la faucheuse
Tout se tient met en scène