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Billet

Traduction d’Amanda Gorman : la langue dans la peau

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La polémique sur la traduction néerlandaise de la poétesse noire américaine Amanda Gorman par une autrice blanche oblige à se reposer la question de la diversité dans le monde de l’édition, mais aussi des limites d’un rapport identitaire aux textes à traduire.
La poétesse Amanda Gorman lors de l'investiture du président Joe Biden, le 20 janvier. (Patrick Semansky)
publié le 10 mars 2021 à 10h12

«Tout le monde peut traduire tout le monde, c’est pas ça le problème.» Lundi soir, sur le plateau de C ce soir, sur France 5, l’autrice Alice Zeniter revenait sur la démission de Marieke Lucas Rijneveld, cette romancière néerlandaise initialement désignée pour traduire la poétesse noire américaine Amanda Gorman, mais jugée illégitime parce que blanche, par certains militants. Le problème principal, pour elle, ce n’est pas tant cette «forme de racisme» (pour reprendre les mots de l’auteur franco-congolais Alain Mabanckou, publiés sur son compte Twitter), c’est avant tout le «manque de diversité flagrante dans le milieu de l’édition», qui pousse à des assignations identitaires aussi polémiques.

Quête de gémellité

Ce faisant, on la sent regretter que la maison néerlandaise ne se soit pas saisie d’un moment «aussi symbolique» (la poétesse noire a été révélée lors de la cérémonie d’investiture de Joe Biden) pour remédier au problème. Sa question est rhétorique : «Au moment où on publie une jeune poétesse qui s’inscrit dans le mouvement de dire “nos voix noires comptent”, est-ce que ce serait pas le moment d’envoyer comme signal : “en effet vos voix comptent, nous allons vous choisir vous” ?» C’est ce signal, d’ailleurs, qu