A sa mise en ligne à l’automne 2021, le rapport avait été unanimement salué. Enquête approfondie, vaste, sourcée, illustrée et étayée d’exemples concrets et d’analyses de concepts, les Opérations d’influence chinoises documentaient la stratégie et les opérations du régime de Xi Jinping pour séduire et subjuguer, influencer et contraindre, infiltrer et corrompre diplomates et médias, responsables politiques et économiques, opinions publiques et experts, etc. Pékin ambitionne de remodeler à son avantage l’ordre et les règles communes, pour mieux contester aux démocraties occidentales la capacité à organiser le système international. A ses yeux, l’Occident doit désormais s’adapter à la Chine et non l’inverse. Ces dernières années, le régime chinois a d’ailleurs exposé ses projets et sa vision du monde via des textes programmatiques ambitieux, les trois «initiatives de sécurité, de développement et de civilisation globale» de Xi Jinping.
«Il est plus sûr d’être craint que d’être aimé»
«Longtemps, on a pu dire que la Chine, contrairement à la Russie, cherchait davantage à être aimée que crainte», écrivent Paul Charon et Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, dans une version revue et augmentée de leur rapport, publiée par les Equateurs. L’un est directeur du domaine renseignement, anticipation et menaces hybrides de l’Institut d