La démarche est vertigineuse, mais elle a le mérite d’appeler à l’aventure, à l’exploration : tenter une définition par la soustraction. Nommer en se défaisant peu à peu des couches, des caches. Chercher en ôtant le vernis d’erreurs, en époussetant les approximations, en enlevant les masques pour bien qualifier. Pour arriver à l’essentiel, au plus caché, au plus vrai, au plus intense. A moins que cela soit le prélude à une grande dérobade.
On pourrait ainsi définir le Japon par ce qu’il n’est pas. C’est du reste ce qu’entreprend le romancier Florent Dabadie en ouverture du dernier numéro de la revue Kometa qui revisite en dynamiteur de mythes un archipel «fragile», en «déclin économique et démographique», entouré de «voisins hostiles» dotés de l’arme nucléaire, comme le souligne Léna Mauger, la rédactrice en chef.
Coulisses et contre-allées
Alors que l’on s’apprête à célébrer le 80e anniversaire du double bombardement de Hiroshima et Nagasaki et la capitulation du régime de Hirohito, la revue consacre 160 pages nourries de récits, d’images et d’entretiens pour répondre à l’impossible : «Quel genre de pays est-ce donc ?»
Face à un archipel qui charrie des idées reçues, des images lisses et sages, un prêt-à-voir et à penser, Kometa multiplie les angles, explore les co