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Libération
Essai

«Hommes des tempêtes» de Frédéric Brunnquell

Aujourd’hui, une virée aux côtés des pêcheurs de merlan.
publié le 20 juillet 2021 à 9h31

Il a embarqué à bord du Joseph Roty II, un «monstre d’acier de quatre-vingt-dix mètres de long avec 55 marins à bord», pour pêcher le merlan bleu en Atlantique Nord. «Le bateau est une brute, une masse, le plus grand navire de pêche battant pavillon tricolore. Il nous ramènera au port ou nous entraînera avec lui au fond.»

Frédéric Brunnquell, auteur et réalisateur de films documentaires, a choisi là un magnifique sujet. Il met en exergue de son livre Hommes des tempêtesune citation de Joseph Conrad, tirée du Miroir de la mer. «Les coups de vent ont leur personnalité et, après tout, ce n’est peut-être pas surprenant ; car, en fin de compte, ce sont des adversaires dont il faut déjouer les ruses, à la violence desquels il faut résister et avec lesquels cependant il faut vivre dans l’intimité de nuits et de jours passés ensemble.»

On est bien avec ces ­marins, on les voit vivre, travailler, dormir, manger et essuyer les grains. On les suit. On entend ce qu’ils vivent et confient. Brunnquell a tourné et retourné autour de ce «paradoxe de la liberté des ­marins». «Celle qu’ils chérissent et ­revendiquent puissamment, ils la doivent à l’océan qui leur offre une valeur marchande individuelle supérieure à celle que la terre leur aurait accordée. En embarquant à la pêche jeunes, ils ont échappé à la vie d’ouvriers précaires à laquelle la plupart de ces marins sans qualification étaient destinés». Avec en plus, le supplément de fierté qui auréole ce métier. Même si parfois vient la tempête…

Hommes des tempêtes de Frédéric Brunnquell, éditions Grasset, 224 pages, 19 euros.