L’héroïne d’Une Arche de lumière rappelle celle du film Nomadland de Chloé Zhao. Fern a tout vendu pour vivre dans une camionnette et traverser les Etats-Unis à la recherche d’emplois saisonniers. Son nomadisme devient progressivement une manière de vivre au monde qu’elle n’échangerait plus pour le confort d’une maison. Chez Dermot Bolger, Eva a un jour choisi de vendre sa demeure une fois ses enfants envolés pour habiter une petite caravane, son «Arche», avec ses chats et sa bibliothèque. Vivant de peu, de petits boulots de ménage ou de serveuse, à Londres ou au Maroc, heureuse ainsi. Le roman démarre quelque quarante ans plus tôt, le lundi de Pâques 1949, quand elle claque la porte définitivement de sa demeure forestière du comté de Mayo, en Irlande, où elle vivait avec son mari. A 46 ans, elle a enfin l’impression de décider de son sort et de s’affirmer même si quitter volontairement son époux en Irlande ne va pas de soi. Le divorce n’est pas autorisé. Quitter son foyer pour une femme attire la réprobation sociale, et en prime des problèmes administratifs de toute sorte. «Son départ ne changerait rien aux limbes légaux dans lesquelles elle vivrait désormais, ni au fait qu’elle aurait toujours besoin de l’autorisation de Freddie pour ouvrir un compte bancaire ou demander un passeport. Cependant pour elle, tout allait changer, car cette matinée était celle d’une liberté possible.»
Un espion russe
Dermot Bolger, né en 1959 à Dublin, avait déjà écrit sur le personnage d’E