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Libération
Roman

«Une bonne fille» de Hwang Jungeun, de boue et d’os

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Troisième traduction de l’autrice coréenne, un roman hanté par la guerre centré sur une mère et ses deux filles.
(Meenyoung Jung)
publié le 16 juin 2024 à 9h20

«Tu n’es pas obligée de te forcer à être une bonne fille», dit le frère à sa sœur Han Sejin. La conversation a lieu au téléphone : Han Mansu vit au loin et la cadette de la famille raconte comment elle a accompagné leur mère Yi Sunil à la frontière inter-coréenne pour s’occuper des ossements du grand-père. «Une bonne fille ? /Han Sejin a répondu que ce n’était pas ça. /Han Sejin pensait que ce n’était pas ça. En voyant le sourire de sa mère quand elle l’avait invitée à aller saluer le grand-père, à le faire pour la dernière fois, n’importe qui aurait eu de la peine et c’était tout. Mais de cela elle n’a pas dit un mot.»

Après Je vais ainsi, ce nouveau roman de la Coréenne Hwang Jungeun nous entraîne au sein d’une famille où les non-dits, l’oubli nécessaire de «tant d’histoires si affreuses» créent un décor cotonneux de solitude. La structure du livre accroît les écarts de points de vue. Une bonne fille est formé de quatre textes constituant chacun une œuvre en soi qui «créent, une fois réunis, une nouvelle possibilité de lecture», notent les traducteurs. Les trois principaux personnages – la mère, sa fille cadette et son aînée Han Yongjin – apparaissent ainsi sous différents éclairages, tandis que la romancière ne cesse d’aller et venir entre le présent du livre et les flux mentaux de l’une ou de l’autre.

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