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Roman

«Une femme a disparu» d’Anne-Sophie Stefanini, vertige à Yaoundé

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Le cahier Livres de Libédossier
La romancière signe une plongée troublante dans les années sombres du Cameroun.
A Yaoundé, en octobre 2018. (Marco Longari /AFP)
par Maïa Sieurin
publié le 14 décembre 2024 à 17h08

Une femme a disparu : le titre a de quoi attiser la curiosité. La suite ne déçoit pas. Yaoundé envoûte Constance dès ses premiers instants dans la ville camerounaise. Jean-Martial, de dix ans son aîné, la guide telle «une divinité de Yaoundé, un oracle». Un mystère le hante : une de ses professeurs à l’université a disparu en 1991. A-t-elle été enlevée pour son soutien à des étudiants en révolte contre le gouvernement ? Anne-Sophie Stefanini se passionnait déjà pour une disparue dans Cette inconnue (Gallimard, 2020), entre Paris et le Cameroun. Ce cinquième roman captivant se lit en miroir, mêlant enquête historique et quête de soi.

Le récit a des airs d’Hiroshima mon amour, le film d’Alain Resnais sorti en 1959. Une jeune femme tombe amoureuse, perd son amant et le cherche dans tous ceux qu’elle connaîtra ensuite. Cet amour est le reflet d’une mémoire historique qu’on tente d’effacer. Passé et présent se superposent et se confondent. A 17 ans, Constance s’éprend de Jean-Martial instantanément et sans concession. Il l’emmène danser et la présence de la Française lui évoque le fantôme d’une femme qu’il a connu : «Tu me fais penser à elle : quelque chose dans ta démarche, la façon de te tenir. […] Cette femme a disparu.» Constance passe plusieurs étés à Yaoundé, mais Jean-Martial se fait de plus en plus distant, jusqu’à s’évapor