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Libération
Critique

Une journée particulière

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Le romancier italien Roberto Andò raconte dans «l’Enfant caché» comment un professeur de piano solitaire et pacifique devient un héros.
Roberto Andò. (Lia Pasqualino)
publié le 10 avril 2021 à 2h00

Quand le roman de Roberto Andò deviendra un film, réalisé par lui-même (il est metteur en scène de théâtre et de cinéma, scénariste), nous autres lecteurs nous sentirons trahis. Les images du livre sont si nettes qu’elles sont pour nous définitives. Nous voyons l’immeuble de cinq étages où se situe l’Enfant caché, nous entendons le silence puis Schubert, nous respirons l’atmosphère confinée de l’appartement du quatrième où vit le professeur Gabriele Santoro, surnommé par dérision «le maestro». Il donne des cours de piano, au conservatoire et chez lui. Il aurait pu prétendre à mieux. Il vit dans une rue de Naples malfamée, où ses origines sociales n’auraient pas dû le conduire. Son frère, un magistrat renommé, très ambitieux, déteste ce qu’il est devenu.

Gabriele Santoro ne demande rien à personne. Il salue ses voisins d’un signe de tête. Joue de temps à autre au poker. Il parle le moins possible, et jamais à un inconnu, c’est un principe. Le kiosquier à qui il rend visite chaque matin depuis vingt ans est la personne qu’il fréquente le plus, et il n’a pas besoin non plus de lui adresser la parole. Sauf quand il a besoin d’informations. Et justement, le jour où nous l’accompagnons acheter le journal, il lui faut en savoir davantage sur ce qui agite le quartier. La veille au soir, il s’est passé plusieurs choses. Un petit garçon a surgi de derrière son canapé où il devait attendre depuis des heures : Ciro, fils du locataire de l’étage au-dessus. «Faut m’aider»<