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Roman

«Une montagne, un fusil, un lac» de Lars Ramslie, marin d’eaux sombres

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Le cahier Livres de Libédossier
Une virée initiatique d’un enfant et son père par le romancier norvégien.
Le père, ancien aventurier des mers, déshérité par le grand-père, n’est que toléré dans l’immense propriété qui englobe la montagne et descend jusqu’au fjord voisin. (Jan Erik Waider/Plainpicture)
publié le 5 octobre 2024 à 14h50

Il y a des hoquets dans la voix de l’enfant Lars-Einar, le souffle coupé, des prières. Et l’écriture suit l’effort physique qu’induit chez un garçon de 9 ans cette virée dans la montagne avec un père imprévisible : «Je demande où on va où on va où on va. /Est-ce que tu peux me répondre s’il te plaît. /Tu ne réponds pas, tu te contentes de tirer sur le lien invisible qui nous relie l’un à l’autre, et je ne sais pas ce qui nous attend, juste qu’on est trop loin pour que je rebrousse chemin tout seul.» Septième roman du Norvégien Lars Ramslie et premier traduit, Une montagne, un fusil, un lac raconte une journée initiatique inoubliable. Tirée de la propre enfance de l’auteur, elle est à la fois un moment d’enchantement et marquée de tristesse. «La seule chose que peut-être je regretterais ce jour-là, non pas de t’avoir accompagné et suivi, non pas le voyage, mais ceci : la certitude de t’avoir vu et perdu en même temps.»

L’enfant se sent amphibien

Tout repose dans ce roman autobiographique sur la relation entre l’enfant et le père, et l’amour qui circule entre eux est d’une qualité rare. Où est l’adulte ? Où est le jeune garçon ? Le second semble souvent le protecteur du premier, il comprend tout, a déjà de profondes cicatrices en lui. Ce père, ancien aventurier des mers, déshérité par le grand-père, n’est que toléré dans l’immense propriété qui englobe la montagne et descend jusqu’au fjord voisin. Et en cet été de 1983, il décide d’emmener son fils au sommet du royaume perdu. Ils man