On est mal, au fond du trou. Abel Fleck, le narrateur de ce premier roman, y tombe à plusieurs titres. Le 10 avril 2019, il fait un AVC. Cet antihéros semble avoir environ vingt-cinq ans ; c’est jeune pour être victime d’un accident cérébral. Un médecin lui dit qu’il est protégé, pour s’en être si bien sorti, par «une bonne étoile», ce qui reste à prouver. L’hémorragie provoquée par la coupure du vaisseau ne s’est pas étendue dans le crâne, l’hématome non plus. Il n’y a apparemment pas de séquelles graves, seulement de la désorientation et de la fatigue. Une fois rentré chez lui, Abel apprend que le jour de son accident, des scientifiques ont obtenu pour la première fois l’image d’un trou noir (c’est vrai). Pour lui, cette coïncidence entre les deux événements veut dire beaucoup. Une obsession comique pour les trous noirs le gagne, en même temps que la mélancolie. De ce hasard il déduit que la vie est ailleurs. Mais où ? Quel est le sens d’une existence ? Une singularité est l’histoire d’une chute, d’une errance, d’une dépression, racontées tantôt avec humour, tantôt avec tristesse. Des métaphores que le médecin utilise pour décrire la tache lumineuse laissée par l’accident dans son cerveau, Abel déduit qu’il a «un nid-de-poule dans le crâne, une chaussée défoncée». Le roman dessine le portrait d’une génération qui
Premier roman
«Une singularité» de Bastien Hauser, convalescence critique
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Le roman dessine le portrait d’une génération qui approche de la trentaine aujourd’hui ; elle avance sans attaches et marche au-dessus du vide. (Kyle Thompson/Agence VU)
publié le 31 juillet 2024 à 17h29
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