Eric Vuillard, Prix Goncourt 2017, poursuit au nom du peuple sa démolition des élites et de quelques sinistres épopées occidentales. Une sortie honorable, son nouveau livre, est un remède de cheval contre l’histoire de France selon Zemmour et une dénonciation de la démocratie représentative, telle en tout cas qu’elle s’est jusqu’ici développée. La cible, cette fois, est la Quatrième République et l’Indochine : ses plantations esclavagistes, ses mines de charbon et d’or, ses banques avides et cyniques, sa guerre meurtrière et perdue, ses politiciens et ses généraux exclusivement croqués, à l’exception de Pierre Mendès France et du député communiste arabe de Constantine, Abderrahmane-Chérif Djemad, comme imbéciles, odieux, vendus, amoraux, lâches, ridicules. L’apparition sarcastique de certaines expressions, comme «premier de cordée», souligne que, pour Vuillard, la France d’aujourd’hui n’a guère changé.
Portrait d’Edouard Herriot, président de la Chambre des députés en 1950, maire de Lyon, notable d’entre les notables : «Il était midi quinze, le président reboutonna sa veste, comme les hommes d’affaires et les politiciens sont accoutumés à le faire par une sorte de réflexe conditionné. Les ouvriers, les employés des postes, les cheminots, les grutiers ne reboutonnent jamais leur veste, ils foutent les mains dans leurs poches, sur leurs hanches, et l