Menu
Libération
Essai

Uwe Wittstock, Marseille port de l’angoisse en 1940

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Dans «Marseille 1940, quand la littérature s’évade», le journaliste et historien retrace l’épopée des écrivains allemands réfugiés en France pour fuir la Gestapo.
Depuis le grand escalier de la gare Saint-Charles, à Marseille, vue vers le boulevard d'Athènes en 1942. (Marcel de Renzis/La Collection)
publié le 14 mars 2025 à 13h57

Pour son ouvrage de fiction Transit, deux fois adapté au cinéma, Anna Seghers utilisa sa propre expérience marseillaise de 1940. Et l’écrivaine juive allemande est elle-même l’une des figures importantes de Marseille 1940, quand la littérature s’évade, essai de Uwe Wittstock aux allures de roman. Dans Berlin 1933, l’hiver de la littérature, publié en 2023, le journaliste et historien racontait comment en quelques mois les nazis avaient vandalisé le paysage littéraire allemand. Menace d’internement en camps de concentration, autodafés… des écrivains en vue, comme Anna Seghers donc, Hannah Arendt, Lion Feuchtwander, Heinrich Mann, Franz Werfel, Ernst Weiss, Bertolt Brecht, furent contraints de fuir à l’étranger. On retrouve dans ce nouveau livre certains de ces grands noms allemands ou autrichiens. Uwe Wittstock par une écriture en montage, fait se succéder à un rythme serré lieux et dates. Il réussit à transmettre le sentiment d’urgence qui prévalait alors. Il s’agissait d’aller plus vite que la Gestapo pour mettre à l’abri les écrivains inscrits sur les listes noires de Berlin.

Une gigantesque souricière

Au cours de l’exode de mai-juin 1940, de nombreux Allemands réfugiés se mêlèrent aux hordes de civi