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Le commissaire Soneri est en pétard. A cause, d’abord, de cette neige compacte qui ralentit sa marche dans les rues de Parme. Mais aussi du maire de la ville qui semble jouer au chat et à la souris avec ses administrés. Sans parler de la corruption et de la drogue qui s’étendent comme une gangrène dans les quartiers riches et les faubourgs. Ajoutez à cela des faits bizarres comme ces sonneries de portables la nuit sur les rives du fleuve ou les chiens qui galopent pour échapper aux tueurs et à leurs couteaux. Un vieil homme vient de mourir de froid derrière la porte d’un hôpital et toujours pas de nouvelles de l’édile qui fait semblant d’aller skier dans les hauteurs de la ville. Tout ça mis bout à bout a de quoi énerver le policier. Heureusement, Angela n’est jamais loin pour apaiser Soneri, lui proposer quelques tendresses et un bon plat de tortelli aux blettes et à la ricotta, joyeusement arrosé bien sûr.

Valerio Varesi est un auteur atmosphérique qui prend le temps de décrire les voûtes du palazzo della Pilotta, de suggérer un parfum de terre froide et d’humidité ou une odeur de ragoût qui a longtemps mijoté. En colère contre le pouvoir politique qui se laisse ronger par la Camorra, l’auteur ne mâche pas ses mots mais il a cette manière bien à lui de glisser une pincée de tendresse dans un monde brutal, soumis et vieillissant.

La Stratégie du lézard est la neuvième enquête traduite du commissaire Soneri et on ne se lasse pas de ses aventures policières qui s’acheminent vers un plat de tripes parmesanes, «le meilleur remède à la mauvaise humeur», selon Angela.