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«Vénitiens ! Vénitiennes !», place au peuple

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Le cahier Livres de Libédossier
L’historienne Claire Judde de Larivière suit la longue tournée d’un crieur de rue de 1520, l’occasion de restituer la vie quotidienne dans la bouillonnante et puissante cité lagunaire.
Vue de la piazzetta San Marco, Venise, peinture anonyme, XVIe siècle. (Opale)
publié le 1er janvier 2025 à 19h18

Un jour de brume et d’acqua alta, traîner transi(e) dans les rues de Venise peut déclencher quelque trouble. Dans quel temps se situe-t-on ? Citée par l’historienne Claire Judde de Larivière, dans l’avant-propos de Vénitiens ! Vénitiennes !, cette phrase du poète d’origine russe Joseph Brodsky replante bien le décor : «Le temps, c’est de l’eau, et les Vénitiens ont conquis les deux en construisant une ville sur l’eau, en encadrant le temps avec leurs canaux. Ou ont apprivoisé le temps. Ou l’ont clôturé. Ou l’ont mis en cage.» Mais se laisser envahir par le sentiment du passé sans l’appui de l’histoire apparaît aussi illusoire. Et l’ouvrage de Claire Judde de Larivière vient à point, qui peuple l’ancienne Venise d’une foule de gens, fait entendre des voix, sentir la force d’une activité humaine bouillonnante.

Au cours du livre, le lecteur est invité à suivre la tournée d’un crieur de rue. On est en janvier 1520, en plein carnaval, et pendant trois semaines un homme appelé Durazin, va se poster sur des campos, au pont Rialto et sur la Piazza San Marco, les deux lieux officiels du cri public, pour avertir la population. De nouvelles règles sur l’évacuation des immondices et des eaux sales ont été édictées par les autorités, conscientes de la fragilité de l’écosystème lagunaire. Les contrevenants risquent une lourde amende et s’ils sont non solvables encourent la prison ou /et le supplice du fouet.

Topographie des rues presque inchangée

C’est dans les archives sur la ville que l’historienne a trouvé le co