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Mardi SF

«Vertigéo» monte dans les tours

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Une société qui exploite des ouvriers à bâtir vers le haut dans un monde de catastrophes.
Extrait de «Vertigéo» d'Amaury Bündgen (dessin), Lloyd Chéry (scénario), d'après une nouvelle d'Emmanuel Delporte. (Casterman 2024)
publié le 4 juin 2024 à 12h51

Cela commence comme beaucoup de textes dystopiques : par un cataclysme, un immense nuage noir, plus de soleil, plus de vie, la question est réglée en trois pages de prologue. Il y a des survivants en fait, sinon l’histoire pourrait s’arrêter là. On pénètre d’emblée dans du dessin noir et blanc, symbole de la dévastation, choix esthétique bientôt explicité par un extrait du journal intime d’Ugo, chef de chantier : «Le monde que nous connaissons depuis notre naissance est monochrome. La couleur n’est plus un concept, une idée. Nous connaissons le noir et le gris, dans toutes leurs nuances. Nous connaissons aussi le brasier et la chaleur des flammes. Ils sont inscrits en nous.» C’est ce fameux chef de chantier qui va devenir le fil conducteur de cette bande dessinée, inspirée d’une nouvelle de l’écrivain Emmanuel Delporte, scénarisée par Lloyd Chéry, rédacteur en chef adjoint de Métal Hurlant, et dessinée par Amaury Bündgen.

L’originalité de Vertigéo ne tient ni dans la fin des couleurs sur une Terre désormais représentée dans des camaïeux de gris (sans flore sans faune sans soleil), ni dans l’orientation totalitaire de sa gouvernance, ni dans le dénouement de son histoire (pressenti assez vite, mais il va au-delà de l’imaginable). Son originalité repose sur sa verticalité glaçante. Rien n’existe en dehors d’immenses tours, bâties contre les éléments, la tempête, les cyclones, des animaux volants monstrueux (des «voraces») et pire que toutes les punit