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Critique

«Victor à bâbord» d’Edouard Launet : le grand homme dans les voiles

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Amoureux de l’archipel de la Manche et expert éclairé de la vie et de l’œuvre hugoliennes, le journaliste et écrivain embarque à bord de son voilier de six mètres, poursuivi par Victor Hugo.

Dessin de Victor Hugo, vue depuis son look-out à Guernesey, en 1865. (Maisons de Victor Hugo. Roger-Viollet)
Publié le 03/09/2025 à 18h02

Nul besoin d’être voileux pour embarquer sur le Muscadet, le six mètres d’Edouard Launet, qui n’assomme pas le lecteur de noms de nœuds ou de manœuvres obscures. Tiens, il aurait pu appeler son voilier Esmeralda, ou plutôt Gilliatt, personnage des Travailleurs de la mer, le premier livre de Victor Hugo qu’il a lu adolescent. «Pour tout dire, je suppose que le cours de ma vie aurait été sensiblement différent si je n’avais un jour ouvert ce roman.» Victor à bâbord est le récit d’une double passion, voire triple, le cabotage, Hugo, et le lieu de la cristallisation passionnelle, l’archipel de la Manche.

Dans ce chapelet d’îles anglo-normandes, cadre des Travailleurs de la mer, le grand homme a vécu en exil près de vingt ans après le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte en décembre 1851. Après six mois à Bruxelles, il passe trois ans à Jersey puis quinze à Guernesey, où «hors du monde, hors du temps, visité par les esprits», il va se concentrer sur son œuvre et «décoller». Launet connaît bien son homme : «Cette métamo