Avant de le lire, Victor-Lévy Beaulieu était pour moi une icône folklorique issue d’un obscur passé québécois. Je l’apercevais sur la télé d’enfance coiffé de son béret basque, avec sa barbe de marin hirsute, grognant dans sa pipe. Plus tard, lorsque j’ouvrirais ses romans sous les conseils d’un professeur de littérature, je serais époustouflée par la modernité de son style, sa syntaxe déglinguée et spiralée, ponctuée à l’intuition, ses carnavals de mots et de monologues éthyliques, piqués de fulgurances.
Beaulieu demeure méconnu en France. Il fut pourtant l’un des premiers écrivains québécois à s’inscrire dans la littérature mondiale. Pour bon nombre de québécois, il reste ce bouledogue malavenant qui jappait contre le moindre moineau, un polémiste vomissant ses logorrhées infâmes, un homme radicalement engagé pour l’indépendance du Québec. Quand il ne m’enchantait pas, il m’énervait ou m’exaspérait. J’ai pourtant fait ma maîtrise et une partie de ma thèse de doctorat sur ses romans. Je considère qu’il s’agit d’un des meilleurs écrivains à avoir œuvré au Québec.
Eclopés
Pour ses lecteurs et ses lectrices, VLB était l’héritier de Victor Hugo, dont il