Roman
Laird Hunt Dans la maison au cœur de la forêt profonde Traduit de l’américain
par Anne-Laure Tissut, Actes Sud, 224 pp., 22 € (ebook : 16,99 €).
Goody erre dans une forêt inquiétante et profonde parce qu’elle s’y est perdue en cherchant des baies sauvages pour son homme et son petit garçon qui curieusement n’ont pas de noms. Elle y rencontre Eliza, Capitaine Jane, Espérance la petite fille vêtue de jaune, Mamy Machin. Mais ces femmes sont toutes des figures d’elle-même comme dupliquées à l’infini et dont chacune a le pouvoir de libérer l’autre d’un envoûtement fait de ses propres peurs. Meurtres, sacrifices, métamorphoses, le féminin est ici ange et démon. Et si tout n’est qu’un rêve, qui rêve ? Ce récit étrange qui oscille en permanence sur la crête du fantastique, de l’onirique, de la psychanalyse, brouille l’espace, le temps, les identités. Le visible devient visions informes, insensées, terrifiantes puisque la vérité a une multitude de tiroirs et de rayons. On pense un peu à Aloysius Bertrand. N.A.
Nouvelles
Natacha Andriamirado la Bouée
Quidam, 144 pp., 16 €.
Il a raté son train, attend le suivant, et assiste à des chutes de chardonnerets désespérés. Nouvelle venue, elle cherche à s’intégrer, met son plus beau costume fait main et se voit refusée dans un club de couturiers amateurs parce qu’elle ne sait pas dans quel camp, blanc ou noir, elle se situe… Les personnages des nouvelles de Natacha Andriamirado, ingénus et crédules, vivent des situations ordinaires qui soudainement changent de visage pour un versant absurde. Que dit la femme quittée par l’homme qui ne se sépare plus d’une bouée rouge trouvée en nageant ? «L’inopportun s’était introduit dans son existence