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Viennent de publier : Bertrand Schefer, Marie Fabre, Henri Raczymow…

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Le cahier Livres de Libédossier
Un Yashica 635, le train comme cordon ombilical, un écrivain noir source «d’étonnement» dans un village suisse, des déjeuners du mercredi chez Gilberte Lambrichs, une bibliographie de l’insomnie...
publié le 11 mars 2023 à 0h27

Romans

Bertrand Schefer, Francesca Woodman, P.O.L, 80 pp., 15 €

Francesca Woodman, c’est d’abord un appareil photo, le Yashica 635 – un cadeau de son père pour ses 13 ans. C’est aussi un corps, souvent nu et décadré, mis en scène dans ses clichés flous. Elle les laisse par terre ses photos, sur le sol de son loft pourri et déglingué, au milieu d’un réchaud et de miroirs. Elle joue souvent avec ceux-ci, comme Lady Clementina Hawarden avant elle. Pour Bertrand Schefer, c’est Francesca Woodman, son obsession. Et, son inspiration pour ce roman éponyme où biographie et récit se mélangent. «Je ne veux pas parler de la photographie, pas vraiment. C’est étrange. C’est elle que je veux voir.» Dans ce portrait touchant, l’écrivain tente de s’approcher d’elle, de dialoguer avec et de retrouver cette femme talentueuse et brisée. La faire apparaître, tout simplement. C.G.-D.

Marie Fabre, La maison ZHM, Buchet Chastel, 171 pp., 18 €

Parce que sa grand-mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer (ZHM), la narratrice prend régulièrement le train pour lui rendre visite dans son Ehpad. Le train comme cordon ombilical est le lieu où elle peut réfléchir à cet endroit étrange où temps, langues, biographies semblent parfois inventés du néant. Mais peut-être existaient-ils déjà, insituables, en arrière du réel car peu à peu sa grand-mère lui apprend sans le savoir l’interstice entre les cloisons du monde, le temps hors de ses gonds. En même temps que Marie Fabre ouvre cet espace, elle regarde aussi en toute lucidité ces corps qui se décharnent, ces os comme des bâtons, ces yeux qui ne voient plus, la mor