Romans
Isabelle Garreau, la Dent dure
Dalva, 174 pp., 18 €.
Nichée dans une bulle d’ambre, elle-même prise dans un cabochon serti de pierres précieuses enchâssé dans l’épaisseur d’une croix en or, une petite dent brille. C’est une relique. Pour qu’il y ait relique, il faut un saint ou une sainte. Dans le premier roman d’Isabelle Garreau, il s’agit d’Aléa, guérisseuse du VIIIe siècle brûlée vive. Car la soldatesque, comme les religieux, ont vite fait d’éliminer les femmes importunes. Au début des années 1980, à l’endroit même où Aléa avait sa grotte, la jeune Eléonore achève une longue cavale. Fille rebelle du Docteur Bondouffle, enfermée chez les sœurs sous la houlette d’un curé immonde, elle est tombée par hasard sur la dent porte-bonheur, apte à lui faire oublier «le goût infect du foutre ecclésiastique qui rongeait sa bouche». Mais s’agissait-il vraiment d’une dent d’Aléa ? Se promenant avec la même insolence avant Jésus-Christ, du côté des Perses, ou après Mitterrand dans les squats parisiens, l’autrice trouve un joli équilibre entre la magie du conte et la verdeur de la révolte. Cl.D.
Eric Chacour, Ce que je sais de toi
Philippe Rey, 301 pp., 22 €.
«Vous êtes dur avec votre pays, doc … — La réciproque est vraie.» Nous sommes en 2000, le «doc» s’appelle Tarek, il est égyptien et il a émigré à Montréal. Mais le roman se déroule surtout dans les années 1980, au Caire. Tarek, médecin, fils de médecin et de famille aisée, se construit une vie confortable. Il est marié, sa femme et lui essaient d’avoir un enfant : «Le pays, dans son obsessionnelle quête de stabilité, d