Romans
Yudit Kiss
L’été où mon père est mort
Traduit du hongrois par Clara Royer, L’Antilope, 336 pp., 23 €.
Fulöp, qui vient d’être hospitalisé pour une tumeur au cerveau, était enseignant à l’université de Budapest, mais aussi un intellectuel communiste de longue date. Orienté vers l’avenir, le dos tourné à un passé indicible. «La Cause était présente dans chaque acte paternel.» Son engagement lui a fait rompre définitivement avec sa mère, exilée en Australie. Alité, son sujet de prédilection reste son manuscrit sur «les causes de l’effondrement du socialisme réel», plutôt selon sa fille «une resucée infestée de traductions littérales des classiques du marxisme». Elle tente de comprendre ce père qui s’est menti à lui-même toute sa vie, en réécrivant certaines parties, considérant sa judéité comme «un atavisme» et la Shoah comme «une manifestation de la nature destructrice du système capitaliste». Une des scènes les plus puissantes de ce roman, qui se déploie en cercles concentriques pour s’élargir à l’histoire de la famille, est le moment où chez sa fille à Genève, le père vient de lire sans le vouloir (la couverture affichait «une figure féminine charnelle et rêveuse») Etre sans destin d’Imre Kertész. Sa forteresse d’idéologie vacille alors. Un portrait intime et puissant d’un homme qui se voulait sans passé, par Yudit Kiss, née en Hongrie en 1956. F.Rl
Hannah Lillith Assadi
Les Etoiles de Lyra
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Stéphane Vanderhaeghe, La Croisée, 240 pp., 21,10 €.
«Mon aventure à moi a principalement été avec un homme mort.» La narratrice, dont le prénom est Elle, a aimé un fantôme qui fut pourtant bien vivant à une époque.